Extrait :
02 Vanité des vanités disait Qohèleth*. Vanité des vanités, tout est vanité !
03 Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil ?
04 Une génération s’en va, une génération s’en vient, et la terre subsiste toujours.
05 Le soleil se lève, le soleil se couche ; il se hâte de retourner à sa place, et de nouveau il se lèvera.
06 Le vent part vers le sud, il tourne vers le nord ; il tourne et il tourne, et recommence à tournoyer.
07 Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est pas remplie ; dans le sens où vont les fleuves, les fleuves continuent de couler.
08 Tout discours est fatigant, on ne peut jamais tout dire. L’œil n’a jamais fini de voir, ni l’oreille d’entendre.
09 Ce qui a existé, c’est cela qui existera ; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil.
10 Y a-t-il une seule chose dont on dise : « Voilà enfin du nouveau ! » – Non, cela existait déjà dans les siècles passés.
11 Mais, il ne reste pas de souvenir d’autrefois ; de même, les événements futurs ne laisseront pas de souvenir après eux.
12 Voici un triste cas que j’ai vu sous le soleil : une fortune amassée pour le malheur de son maître.
13 Il perd son avoir dans une mauvaise affaire, et quand lui naît un fils, celui-ci n’a rien en main.
14 Sorti nu du sein de sa mère, il s’en ira comme il est venu. Il n’emportera rien de son travail, rien que sa main puisse tenir.
15 C’est aussi une triste chose qu’il s’en aille comme il était venu. Qu’a-t-il gagné en peinant pour du vent ?
16 Il ronge ses jours dans le noir, la tristesse profonde, la souffrance et l’irritation.
L'Ecclésiaste 1 2-17.
*mot hébreu signifiant : l'Ecclésiaste
Questions :
1. Cherchez la signification du mot "vain" en vous reportant au CNRTL (perle suivante). Quels sont les deux plans d'analyse de la vanité de toute chose que vous pouvez identifier à partir des deux principales acceptions (modernes) du mot "vain" (en parlant d'une chose et en parlant d'une personne) ?
2. Dans les vers 4 à 10 du chapitre 1 de L'Ecclésiaste, sous quelle forme le mouvement de la vie et des éléments naturels (les générations, la terre, le soleil, les vents, les fleuves, la mer) est-il conçu ?
3. Expliquez la phrase : "tout discours est fatigant, on ne peut jamais tout dire." En quoi la vanité de tout discours consiste-t-elle ici ? Quels domaines de la vie humaine, personnelle ou en société, se trouvent-ils ainsi frappés de vanité ?
4. Expliquez la phrase : "l’œil n’a jamais fini de voir, ni l’oreille d’entendre". À quelles formes d'activité ou de préoccupation les métaphores de l’œil et de l'oreille peuvent-elles renvoyer ici, dont la vanité est ainsi affirmée ?
5. D'après vos analyses de ce texte développées jusqu'ici, est-ce le changement, la caducité ou le caractère éphémère des choses qui, en eux-mêmes, font leur vanité ? Sur quel fond le changement, la caducité et le caractère éphémère de toutes choses prennent-ils leur sens de vanité universelle ? Pour l'expliquer, analysez la formule : "rien de nouveau sous le soleil".
6. Expliquez la phrase : "mais, il ne reste pas de souvenir d’autrefois ; de même, les événements futurs ne laisseront pas de souvenir après eux." Quelles conséquences pouvez-vous envisager à cette idée, que le passé comme l'avenir ne laisseront, au bout du compte, aucun souvenir ? Quelles formes d'existence ou de développement proprement humain, qui dépendent fondamentalement du souvenir ou de la mémoire, sont-elles menacées ainsi de vanité ?
7. Expliquez les phrases : "sorti nu du sein de sa mère, il s’en ira comme il est venu. Il n’emportera rien de son travail, rien que sa main puisse tenir. C’est aussi une triste chose qu’il s’en aille comme il était venu. Qu’a-t-il gagné en peinant pour du vent ?"
8. Si nous ne pouvons emporter dans la mort rien de ce que nous avons acquis ou bâti au cours de notre vie, de quoi cette impossibilité manifeste-t-elle la vanité ?
9. Expliquez la phrase : "Il ronge ses jours dans le noir, la tristesse profonde, la souffrance et l’irritation." À quels états affectifs et à quelles dispositions d'esprit la considération de la vanité de toute chose conduit-elle inévitablement tout être humain, d'après le texte ? Quelle pourrait-être, dans la perspective d'un texte religieux comme celui-ci, la seule issue dès lors possible ?
Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr Télécharger le manuel : https://forge.apps.education.fr/drane-ile-de-france/les-manuels-libres/philosophie-terminale ou directement le fichier ZIP Sous réserve des droits de propriété intellectuelle de tiers, les contenus de ce site sont proposés dans le cadre du droit Français sous licence CC BY-NC-SA 4.0